Le Renouveau Mystique dans l'Eglise

exposé de Henri Lemay
à la réunion oecuménique internationale de 
la vraie vie en Dieu
samedi 2 mai 1998 à Jérusalem, en Terre Sainte

Introduction

Les idées que je vais exprimer sont simplement les miennes. Elles ne doivent pas être considérées comme exprimant la position de l'Eglise catholique romaine, à laquelle j'appartiens de tout coeur et dont je ne veux pas m'écarter volontairement, ni celle du Renouveau charismatique catholique, dont je suis membre, ni celle du Conseil canadien du Renouveau charismatique dont je suis président.

 

Qu'est-ce que la sainteté chrétienne ?

C'est être comme Jésus qui est comme le Père. "Nous savons qu'en toutes choses Dieu oeuvre pour le bien de ceux qui l'aiment... car ceux qu'il connaissait d'avance il les a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils" (Rm 8.28-29)

Nous sommes tous appelés à la sainteté. "Vous devez êtres parfaits comme votre père du ciel est parfait" (Mt 5.48)

Nous sommes appelés à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité. Jésus a dit : "Je suis venu afin que vous ayez la vie, la vie en abondance" (Jn 10.10)

Lorsqu'on lui a demandé : "Quel est le plus important de tous les commandements ?", Jésus a répondu : "Ecoute, Israël ! Le Seigneur ton Dieu est le seul Seigneur. Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Le second plus important des commandements est celui-ci : aime ton prochain comme toi-même" (Mc 12.28-31)

La sainteté doit être intime avec Dieu. Jésus a dit : "Celui qui m'aime obéira à mes enseignements. Mon Père l'aimera et mon Père et moi viendrons à lui et vivrons avec lui" (Jn 14.23)

Catéchisme de l'Eglise catholique, §2014 : Le progrès spirituel tend à l'union toujours plus intime avec le Christ. Cette union s'appelle "mystique", parce qu'elle participe au mystère du Christ par les sacrements - les "saints mystères" - et, en Lui, au mystère de la Sainte Trinité. Dieu nous appelle tous à cette intime union avec Lui, même si des grâces spéciales ou des signes extraordinaires de cette vie mystique sont seulement accordés à certains en vue de manifester le don gratuit fait à tous.

 

Le Renouveau Mystique

Notre siècle a connu plusieurs renouveaux chrétiens : biblique, liturgique, charismatique et oecuménique. Sommes-nous à la veille d'un renouveau mystique ? Seul l'avenir le dira. De nos jours, Dieu intervient dans le monde de plusieurs manières ; en voici cinq :

1. par les mouvements Charismatique ou Pentecôtiste qui comptent plus de 450 millions de chrétiens, soit 25% du christianisme, y compris environ 60 millions de Catholiques ;

2. par les mouvements Marials qui atteignent des dizaines de millions de Catholiques (tels que Fatima, Lourdes, Medjugorje, Kibeho, Betania, Don Gobbi, et plus d'une centaine d'autres) ;

3. par des centaines de phénomènes spectaculaires tels que stigmates, apparitions, statues et icônes suintant de l'huile ou du sang ou des larmes, etc. attirant à Dieu des foules de tous les pays ;

4. par la Bénédiction du Père, puissante grâce mystique touchant des assemblées dans le monde entier ;

5. par de nombreuses révélations privées telles que la vraie vie en Dieu.

 

Toutes ces choses, et beaucoup d'autres encore, sont un puissant encouragement à suivre le Christ sur la voie de la vocation chrétienne et de la sainteté. Je soutiens que les interventions actuelles de Dieu dans le monde pourraient fort bien déboucher sur une telle période d'appel profond et inattendu à la sainteté, à une échelle massive, des Chrétiens de toutes confessions.

Ce pourrait fort bien être une partie de l'accomplissement de la prophétie de Joël : "Après cela je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens des visions. Même sur les esclaves, hommes et femmes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit." (Jl 2.28 - 3.2 ; cf. Ac 2.17)

Voici six exemples de grâces mystiques ou "touches divines" tout-à-fait communes chez les personnes impliquées dans ce qui précède. Et il y en a encore bien d'autres.

1. Chrétiens qui vivent en présence continuelle de Dieu. Ils sont tout le temps conscients de Lui.

2. Chrétiens qui sont dans la plus grande joie lorsqu'ils peuvent parler continuellement de Dieu, dont c'est presque le seul sujet de conversation. Leur vie tout entière, c'est le Seigneur : tout le reste a perdu son importance.

3. Chrétiens qui versent des larmes si facilement lorsque quelqu'un témoigne de la bonté du Seigneur, ou durant les chants de louanges, ou lorsqu'ils considèrent leur vie de péché. C'est le don des larmes, don mystique.

4. Chrétiens qui peuvent passer des heures devant le Saint Sacrement, sans un livre en mains ; juste là, avec le Seigneur. C'est la contemplation infuse, don mystique.

5. Chrétiens qui ont une soif continuelle pour les âmes : ils prient, jeûnent, intercèdent, témoignent, distribuent des tracts. C'est une aspiration mystique en union avec la soif du Christ pour les âmes.

6. Certains exercent des dons charismatiques d'une manière réellement mystique. Certains prêches, enseignements ou prophéties sont donnés avec un esprit humain tellement en accord avec Dieu que ce n'est plus l'intellect naturel seul qui est à l'oeuvre ; c'est plutôt Dieu qui parle à travers Son instrument, le menant intuitivement de pensée en pensée, de mot à mot. C'est le signe d'un esprit humain qui a été purifié et réservé mystiquement pour servir Dieu intuitivement.

 

Avant de poursuivre, redéfinissons nos termes.

Qu'entend-on par "vie mystique" et y sommes-nous tous appelés ? C'est une forme de prière appelée contemplation donnée et entretenue par Dieu chez une personne particulière. Dieu décide qui et quand : c'est Son don. Ce point est d'une importance particulière à cause de la controverse depuis 300 ans dans la théologie catholique occidentale. Jusqu'au milieu du 18e siècle, la position traditionnelle était celle que l'on trouve dans le Catéchisme de l'Eglise catholique, cité plus haut.

Le progrès spirituel tend à l'union toujours plus intime avec le Christ. Cette union s'appelle "mystique", parce qu'elle participe au mystère du Christ par les sacrements - les "saints mystères" - et, en Lui, au mystère de la Sainte Trinité. Dieu nous appelle tous à cette intime union avec Lui, même si des grâces spéciales ou des signes extraordinaires de cette vie mystique sont seulement accordés à certains en vue de manifester le don gratuit fait à tous. (Catéchisme de l'Eglise catholique §2014)

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié une Lettre sur certains aspects de la Méditation chrétienne.

Le §22 dit ce qui suit : Finalement, le chrétien qui prie, peut, si Dieu le veut, parvenir à une expérience particulière d'union. (...) La personne qui prie peut être appelée par une grâce spéciale de l'Esprit à ce type spécifique d'union à Dieu qui, en termes chrétiens, est appelé mystique.

Le §23 dit : ... Le mysticisme chrétien authentique n'a rien à voir avec des techniques : c'est un don de Dieu ; et celui qui en bénéficie s'en sait indigne.

Sommes-nous tous appelés à la vie mystique ? Il semble que nous pouvons répondre oui, car Dieu nous appelle tous à cette intime union avec Lui et cette union est appelée "mystique". Presque tous les saints canonisés, exceptés certains martyrs, ont eu des expériences mystiques.

Ste Thérèse de Jésus (d'Avila) dit dans son autobiographie, au chapitre 15 : ... car il y a beaucoup, beaucoup d'âmes qui atteignent cet état (Prière de Quiétude) mais peu qui vont au delà, et je ne sais pas qui est à blâmer pour cela. Ce n'est certainement pas Dieu.

St Jean de la Croix dit, dans la Nuit Profonde, livre Un, chapitre 9, §2 : "Cette nuit (c'est-à-dire la nuit obscure des sens qui introduit à la vie mystique) qui, comme nous l'avons dit est contemplation, cause chez les personnes spirituelles deux sortes d'obscurités ou purgations selon les deux parties de l'âme, la sensorielle et la spirituelle. D'où l'une des nuits de purgation est sensorielle, par laquelle les sens sont purgés et accommodés à l'esprit ; et l'autre nuit de purgation est spirituelle, par laquelle l'esprit est purgé et dénudé ainsi qu'accommodé et préparé pour l'union avec Dieu par l'amour. La nuit sensorielle est commune et arrive à beaucoup. Ce sont les débutants dont nous allons traiter tout d'abord. La nuit spirituelle est le lot de très peu, ceux qui ont été éprouvés et sont compétents et dont nous parlerons ensuite..."

Saint Jean dit que beaucoup entrent dans la vie mystique par le portail appelé nuit obscure des sens, mais très peu vont jusqu'à la pleine union par la nuit obscure de l'esprit.

Bien que ce soit ce qu'enseigne l'Eglise catholique romaine, ce n'est pas ce que croient communément actuellement le clergé et les laïcs. Qu'est-il arrivé pour que soit ainsi faussée notre appréciation de la vie mystique ?

Les hérésies Quiétiste et Janséniste : A la fin du dix-septième siècle, une hérésie locale (peu étendue, limitée à la France et à l'Italie), appelée "quiétisme" devint connue lorsque les deux plus célèbres évêques de France de l'époque, Bossuet et Fénelon, en vinrent à s'étendre longuement dans un discrédit public réciproque à ce sujet. Le quiétisme qui vient du Latin "quies", signifiant "repos", est un faux mysticisme. En bref, selon cette hérésie, la vie ascétique est inutile car il suffit de se reposer et attendre que Dieu nous sanctifie. Cette très petite hérésie (territorialement s'entend), a surgi au milieu d'une autre hérésie plus répandue, le jansénisme, qui enseigne un rigorisme démesuré dans la vie ascétique où, parmi d'autres choses, la Sainte Communion est rarement possible, parce qu'il est rare qu'on puisse devenir assez bon pour mériter une telle faveur. Le jansénisme, bien que condamné par l'Eglise, s'étendit et devint la spiritualité prévalant dans beaucoup de cercles catholiques. Le vrai mysticisme fut sévèrement condamné. Il était considéré comme un état extraordinaire qui n'était accordé qu'aux grands saints et fondateurs. Scaramelli fut le premier théologien — mais suivi par la plupart —, à rompre avec la spiritualité traditionnelle catholique (telle que proposée dans les enseignements de St Jean de la Croix, de Ste Thérèse de Jésus et St François de Sales), en séparant complètement l'ascétisme de la vie mystique, et en prévenant les fidèles qu'il n'est pas prudent de désirer les grâces mystiques de la contemplation infuse, à moins d'y être directement appelés par Dieu. Toutes les grâces mystiques furent considérées comme spéciales et extraordinaires. Ce n'est pas ce que l'Eglise avait reçu des Pères. Cependant, cela reste la pensée prévalant dans de larges cercles de l'Eglise catholique.

 

Grâces normales par opposition à grâces spéciales :

Quelles sont les grâces normales ou usuelles, par opposition aux grâces spéciales et signes extraordinaires de cette vie mystique ? (Cf. Catéchisme, § 2014) Les docteurs mystiques de l'Eglise ont enseigné que les visions, les révélations privées, les locutions intérieures, la lévitation, les stigmates, le jeûne prolongé (des mois ou des années), les apparitions, sont extraordinaires et ne doivent pas être désirés. En fait, lorsque reçues durant la prière du repos ou de l'union, les visions, les révélations privées et les locutions intérieures doivent normalement être considérées avec scepticisme jusqu'à ce qu'elles soient prouvées, parce que l'esprit humain ou le démon peuvent les imiter de façon à induire en erreur. Ces grâces sont tout-à-fait fiables lorsque reçues dans le ravissement et au-delà. Lorsque ces grâces spéciales sont de Dieu, elles sont toujours hautement bénéfiques à l'individu et à l'Eglise.

Mais ces mêmes docteurs enseignent que les expériences suivantes sont normales, sont à désirer et à rechercher, de la même manière qu'il est tout-à-fait normal de chercher à avoir une bonne santé, un bon travail, une bonne famille. Elles ne sont pas le bien suprême mais elles sont désirables si le Seigneur veut nous les accorder. Parmi ces grâces, nous trouvons : la nuit profonde, la nuit des sens, la prière de repos, l'union plénière, le ravissement, la contemplation infuse, la nuit passive de l'esprit, les fiançailles spirituelles et le mariage spirituel. Nous pouvons demander mais seul Dieu peut décider de nous les accorder toutes ou partiellement, ou pas du tout. Notre attachement à Sa volonté doit être suprême concernant ces grâces, au-dessus d'une bonne santé, ou un bon travail ou une bonne famille, etc.

 

Le Repos dans l'Esprit : un signe important

Il est remarquable que les phénomènes accompagnant les mouvements Charismatique ou Pentecôtiste, la Bénédiction du Père, certains sanctuaires marials tels que Medjugorje, et que nous trouvons ici où là, soient identiques à ceux de la vie mystique.

Notons qu'ils ne sont pas du tout attrayants. Ils conduisent tous à une profonde humiliation et souvent au ridicule. Ils sont toujours accompagnés de persécution, d'une intense souffrance. A cause de Lui, j'ai tout abandonné ; je considère tout cela comme ordures afin que je puisse gagner le Christ et que je sois complètement uni à Lui. (...) Tout ce que je veux est de Le connaître et de faire l'expérience de la puissance de Sa résurrection, de partager Ses souffrances et de devenir comme Lui dans Sa mort dans l'espérance que je sois moi-même ressuscité de la mort à la vie. (Philip 3.8-11)

Le plus remarquable de tous est, sans aucun doute, le repos dans l'Esprit. D'autres phénomènes comprennent le tremblement, l'agitation, les soubresauts, les grognements, les pleurs et les rires.

Pourquoi : Mais pourquoi les gens tombent-ils comme le fit Abraham dans Gn 15.12 et Paul dans Ac 9.4 ? De quoi s'agit-il ? La plupart des gens tombent tout simplement parce qu'ils ne tiennent plus debout : leurs jambes s'affaissent, ils vacillent, tombent, certains en avant, la plupart en arrière. Certains se laissent tomber, tandis qu'ils remarquent qu'ils ne sentent plus leurs jambes, qui sont devenues comme paralysées ou engourdies.

Entendre ou bouger : Une fois au sol, la plupart des gens entendent toujours ce qui se passe autour d'eux. S'ils le veulent, ils peuvent, pensent-ils, se relever ; du moins le croient-ils. Certains le font. Mais souvent, ils ne le veulent pas ou ne parviennent pas à prendre la décision de se relever. L'imagination travaille, ils se remémorent différentes choses mais ils ne peuvent se concentrer sur aucun sujet particulier. La volonté elle-même semble être paralysée. D'autres essaient de bouger un bras ou une jambe et remarquent qu'ils en sont incapables. Le bras refuse de bouger. En général, ils ne s'en soucient pas : ils se sentent bien comme ils sont. Cela peut durer d'une minute à quelques heures. Certains perdent toute notion du temps et deviennent inconscients. Leur pouls se ralentit. Leurs extrémités se refroidissent. Nous les recouvrons d'un manteau ou d'une couverture. Lorsqu'ils recouvrent conscience, ils restent indécis durant un moment : ils semblent étourdis, perdus, ralentis. Certains pensent avoir été conscients durant tout le temps et sont surpris d'apprendre qu'ils étaient absents près de deux heures : cela leur paraissait avoir plutôt duré dix minutes.

Que s'est-il passé ? La plupart des gens ne savent pas ce qui est arrivé. D'autres se souviennent nettement d'une vision du Seigneur. D'autres ont reçu une guérison physique. La paix qu'ils ressentent les convainc qu'elle vient du Seigneur mais ils ne peuvent pas expliquer ce qui est arrivé avec le Seigneur. Après s'être finalement relevés, cet état d'étourdissement peut durer plusieurs jours.

Les docteurs mystiques de l'Eglise, St Jean de la Croix et Ste Thérèse de Jésus (d'Avila), rapportent dans leurs écrits que ce sont des événements normaux chez celui que Dieu a choisi de visiter et de purifier. Ils nous expliquent pourquoi, ce que Dieu fait, et pourquoi le corps réagit de cette façon. Les textes à ce sujet sont abondants.

Voici cinq citations de l'autobiographie de Ste Thérèse de Jésus (d'Avila), tirées du chap. 20 :

Repos et agitation : ... mon pouls cesse presque de battre, mes os sont tous disjoints [du fait d'agitation, de tremblements ?] et mes mains sont si raides que parfois je ne parviens pas à les joindre. Jusqu'au lendemain, j'ai mal aux poignets et dans mon corps tout entier, comme si mes os avaient été écartelés.

Repos durant des heures : Il est alors très peu de choses qu'une personne puisse faire dans cette condition. Aussi, les personnes à qui le Seigneur accorde cette faveur ne doivent pas se décourager de se trouver dans cet état, le corps incapable de se mouvoir durant des heures et la compréhension et la mémoire parfois distraites. Il est vrai qu'elles sont généralement absorbées dans les louanges du Seigneur ou dans une tentative de comprendre et de réaliser ce qui leur arrive. Mais même ainsi, elles ne sont pas tout-à-fait éveillées : elles sont comme des personnes qui, restées longtemps endormies, ont rêvé et ne sont pas encore pleinement éveillées.

Impossibilité de bouger : La position est alors telle que, malgré tous mes efforts, mon corps, durant des périodes considérables, n'a pas la force de se rendre capable de quelque mouvement : toute sa vigueur a été emportée par l'âme.

Refroidissement et impuissance : Dans ces ravissements, il semble que l'âme n'anime plus le corps ; on perçoit d'une manière très sensible que la chaleur naturelle diminue et que le corps se refroidit peu à peu ; on en éprouve une suavité et une joie extrême.

Pourquoi l'arrêt des sens et des mouvements : La volonté est encore engloutie et, alors même que les autres facultés (intelligence et mémoire) recommencent à se mouvoir, elle produit cette opération dans le corps comme si elle était son absolue maîtresse. Car quoique les deux facultés qui s'agitent essaient de la troubler, la volonté, — estimant que moins elle a d'ennemis mieux cela vaut —, empêche les sens de le faire et ainsi, cause leur suspension, ce qui est la volonté du Seigneur. Car la plupart du temps, les yeux sont fermés bien que nous ne puissions pas vouloir les fermer ; comme je l'ai déjà dit, ils sont occasionnellement ouverts, mais le sujet ni ne perçoit ni ne porte attention à ce qu'il voit.

 

Voici quatre citations de St Jean de la Croix :

Repos en Dieu : Pour une meilleure compréhension de la nature de cet envol, il doit être noté que, comme nous l'avons dit, dans cette visite de l'Esprit divin, l'esprit de l'âme est violemment emporté à communiquer avec lui, et il abandonne le corps et cesse d'avoir en lui ses sentiments et actions, car ils sont en Dieu. Ainsi, St Paul a dit que, dans son ravissement (cf. 2 Co 12. 2), il ne savait pas si son âme recevait la communication dans son corps ou hors de son corps.

Evanouissement : L'âme, en cet état, devient tellement ennemie de la part inférieure et de ses oeuvres qu'elle ne veut pas que Dieu communique à cette part quoi que ce soit des biens spirituels qu'Il donne à la part supérieure. A cause de sa condition de faiblesse, la part sensorielle est incapable d'endurer une communication spirituelle sans évanouissement. Par conséquent, l'esprit souffre et s'afflige et, en fait, ne peut jouir de la communication. Comme le dit le Sage : " Le corps, qui est sujet à la corruption, appesantit l'âme " (Sg 9. 15). Puisque l'âme désire les plus hautes et excellentes communications de Dieu mais est incapable de les recevoir en compagnie de la part sensorielle, elle désire que Dieu les lui accorde hors de celle-ci. (Cantique spirituel, stance 19, § 1)

Dislocation des os : Voilà ce qui explique les ravissements, les extases, les dislocations des os qui se produisent toujours quand les communications ne sont pas purement spirituelles, c'est-à-dire pour l'esprit seul comme c'est le cas pour les parfaits. Ils sont déjà purifiés dans la seconde nuit, celle de l'esprit ; on ne voit plus chez eux ces ravissements, ces agitations du corps ; ils jouissent de la liberté d'esprit sans que leurs sens en soient offusqués ou tourmentés. (La Nuit obscure, livre 2, chapitre 1)

Tremblements : Parfois, l'action dans l'Esprit Saint déborde dans le corps, et toute la substance sensorielle, tous les membres, et les os, et la moëlle, se réjouissent, non comme à l'ordinaire de façon superficielle, mais avec le sentiment d'un grand délice et d'une grande gloire, jusqu'aux extrémités des mains et des pieds. En cela, le corps ressent de l'âme tant de gloire que, par lui-même, il glorifie Dieu, ressentant en ses os quelque chose de similaire à ce que déclare David : Tous mes os diront : "Dieu, qui est comme toi ? " (Ps 35. 10). Et parce que tout ce qui peut être dit de cette onction est en-dessous de ce qu'elle est, il suffit de dire quant à l'expérience spirituelle et corporelle qu'elle "goûte à la vie éternelle." (La Vive Flamme d'Amour, stance 2, § 22)

 

La pédagogie actuelle du Saint Esprit :

(Extrait du livre du Dr. Philippe Madre "Le repos dans l'Esprit", pp. 30-33):

Une phrase-clé des Pères de l'Eglise résumerait bien l'accession à la vie mystique telle que la tradition la pressentait avec le concile Vatican II : "Donne ton sang et reçois l'Esprit". L'entrée dans la vie mystique était donc le plus souvent considérée [...] comme une seconde étape faisant suite à une première parfois très étendue dans le temps, où l'homme était invité, à travers l'ascèse, à travers les épreuves, à travers des renoncements multiformes, à se laisser affiner, purifier par la grâce pour être, dans un temps second, plus apte à supporter les "touches d'ordre mystique". [...] Il semble bien que la pédagogie du Saint Esprit ait inversé ses données propres. Il s'agirait plutôt à présent de recevoir l'Esprit pour ensuite donner son sang. [...] L'homme est arraché de sa stagnation pour être confronté plus lucidement que jamais à ses propres limites, et expérimenter dans le même temps une aspiration fervente de l'Amour de Dieu. L'Esprit souffle aujourd'hui à une vitesse parfois bouleversante, "s'attardant" peut-être moins sur les imperfections de l'homme, parce qu'avide de révéler à celui-ci le Christ et son mystère de mort et de résurrection. C'est ainsi qu'un bon nombre de personnes, non forcément chrétiennes au départ, va recevoir de la part de Dieu, tout-à-fait gratuitement, des grâces spirituelles abondantes, grâces d'ordre charismatique, mais aussi d'ordre mystique, c'est-à-dire d'intimité avec Dieu. Cette oeuvre de l'Esprit paraît se produire apparemment sans étape vraiment préparatoire ; c'est le reçois l'Esprit ". Mais [...] il nous faut vite rajouter : " reçois l'Esprit et donne ton sang ". Cela veut dire en clair : Maintenant que Dieu t'a fait miséricorde et t'a gratuitement comblé de dons spirituels totalement immérités, en vue du bien de l'Eglise tout entière, convertis-toi ; renonce à toi-même, à tes volontés propres, à ton indépendance et à ton orgueil. Suis-moi sur le chemin de la croix. [...] Recevoir les grâces de l'Esprit sans apprendre à se renoncer soi-même reviendrait à construire sur du sable.

Dans la toute première maxime de sa toute première oeuvre, Les Maximes de Lumière et d'Amour, St Jean de la Croix dit : " Le Seigneur a toujours montré aux mortels les trésors de sa sagesse et de son Esprit mais maintenant que le visage du mal se dévoile de plus en plus, ainsi le Seigneur dévoile un peu plus ses trésors. " La fin des années 1990 révèle que le siècle de St Jean de la Croix s'avère n'être que l'enfance du mal. De nos jours, l'humanité a excessivement mûri pour faire le mal en grand. Si le Seigneur n'intervient pas massivement dans les affaires humaines, et vite, la race humaine est perdue.

Alors que des pans entiers de l'Eglise du Christ tombent dans la perversité et dans la confusion du monde, alors que se répand l'anarchie et un esprit de rébellion envahissant, et que l'on constate partout une importante diminution de la vie sacramentelle, spécialement dans la jeunesse, cela ne ressemble-t-il pas à Dieu de lever un nouvel étendard de sainteté, la Bénédiction du Père, qui attire tant de gens, spécialement des jeunes, les transférant dans le Royaume de son Fils bien-aimé (Col 1. 13) et les plaçant sur les chemins de la sainteté et du service. Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Rm 5. 20).

Henri Lemay

 

 

Déclaration de Don Gobbi au sujet de Vassula :
Extrait de l’allocution de Don Gobbi (traduite simultanément en français par le père Joseph Schwizer), aux membres du Mouvement Sacerdotal Marial (MSM) réunis en Cénacle à Saint-Maurice le 15 juin 1991.

 

ç RETOUR
Mise en page : 29.05.98 22:50
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