L'Appel de lEpoux Divin à la Réconciliation et à lUnité
Pèlerinage
international de prière en Terre Sainte
de La Vraie vie en Dieu
du 14 au 26 mars
à l'occasion du Grand Jubilé de l'An 2000
Symposium des 19 et 20 mars 2000 à Bethléem
Allocution de Mgr Jaume
González-Agàpito y Granell, de l'Eglise Catholique
prononcée en espagnol le 20 mars
2000
Les
éléments caractéristiques
de chaque confession chrétienne
et leurs exagérations -
Le chemin
vers l'unité se trouve dans La Vraie Vie en Dieu
Excellence, Monseigneur,
Révérends Pères et Pasteurs,
Mesdames, Messieurs,
Je vais commencer par vous raconter une histoire. La provenance catholique de son auteur est évidente mais son talent critique est également clair. Il m'a paru qu'il pourrait nous être utile pour notre tentative de schématiser ou mieux encore caricaturer les éléments caractéristiques que certains ont converti en éléments essentiels de chaque confession chrétienne.
I. Un conte
Thorlac1 Haujarg était un individu de nationalité islandaise qui ne savait que peu ou rien de la religion. Mal marié et à peine éduqué, Thorlac menait une vie qui se dissipait entre l'alcool, le travail et ses copains. Il battait régulièrement sa compagne et giflait ses fils. Il fit de tant de progrès dans la méchanceté qu'une nuit funeste, aveuglé par la colère, rendu fou par l'alcool et déprimé parce qu'il avait perdu son travail, il massacra ses deux enfants, étrangla son épouse et s'enfuit. Lorsqu'il revint à la raison, il arriva qu'un tremblement de terre ensevelît son village. Sa fuite l'avait sauvé en même temps et de la justice et de la mort. Personne de sa famille, ni de ses amis ni de son entourage n'était resté en vie. Cependant, sa conscience lui était restée vive et éveillée. Personne ne savait son crime, nul ne lui faisait des reproches. Pourtant, une voix intérieure l'accusait impitoyablement. Il commença à chercher un remède à son mal. Alors, petit à petit, et peu à peu, il en est arrivé à pressentir que seul Dieu pouvait lui pardonner. Il accourut vers ses ministres. Il s'approcha d'un pasteur de la capitale de l'Islande, Reykjavik, et lui demanda conseil. "Tu dois te remettre dans les Mains de Dieu tou miséricordieux, et compter sur les mérites du Sang de Jésus ; Il te libérera de la peine que tu mérites. Le vêtement de gloire et de grâce du Seigneur Jésus couvrira ta chair pécheresse". Et alors, demanda Thorlac : "Rien plus ?" Le Révérend répondit, "Tu dois te remettre absolument en toute confiance dans les Mains miséricordieuses de Dieu". Thorlac se retira tête basse. Cela ne lui offrait pas de sécurité. Oppressé par sa faute, il pensa que les brumes du nord aveuglaient les hommes de son Eglise luthérienne et que, peut-être, au sud, il y aurait plus de clarté et de sécurité. Il s'embarqua et arriva à Rotterdam. Il alla, en toute hâte dans une Eglise réformée. La même question, et comme réponse : "Les chemins du Seigneur sont insondables et nous avons tous été prédestinés à la gloire ou au supplice éternels. Qui oserait sonder l'abîme de la sagesse de Dieu ? " Egalement déçu par les calvinistes hollandais, il partit pour le Royaume Uni.
A Londres, un ministre élégant et sympathique de lEglise dAngleterre, après avoir entendu ses doléances, essaya de calmer son esprit. " Ne taffliges pas. Aies confiance en Jésus. Il a pardonné au bon larron crucifié avec lui, et il a pardonné à Marie Madeleine. A qui aime beaucoup il sera aussi beaucoup pardonné." Thorlac le remercia de ses gentils mots ; néanmoins, il manifesta son désarroi.
Pendant des heures, il se promena aux bords de la Thamise. Il trouva par hasard une petite chapelle russe orthodoxe. Le prêtre orthodoxe, maigre et dallure étrange, lécouta avec douceur. " Oui, ton péché peut être remis par le ministère de lEglise. Mais, il est tellement grave... Il te faut un bon directeur spirituel qui illumine ton esprit et qui te montre un chemin sûr." Le prêtre lui donna le nom dun saint moine du Monastère de Stravronikita,2 sur le Mont Athos. Il sappelle P. Jacob, après quoi, le prêtre orthodoxe lui donna les indications pour y arriver, ainsi que les démarches nécessaires à faire afin de pouvoir accéder à la sainte montagne. A la fin, il lui donna une lettre de recommendation et laccompagna jusquà laéroport. Arrivé à Athènes, il se dirigera immédiatement vers Thessalonique, et depuis là, vers Ouranopolis. De nouveau ilsembarqua, puis il arriva à Daphné. Puis, un moine portier lamena à lest dAthos. Cest là que se trouve le magnifique monastère avec ses moines.
Après les vêpres, un moine le reçut dans la pénombre dun belle cellule où il manquait délectricité. Ensuite, on laccompagna dans le parloir situé au dernier étage dun vieux bâtiment. Au terme dun entretien, il y passa deux jours, puisque le jour suivant était pour la communauté un jour de jeûne et de silence. On lui proposa de jeûner avec eux et de prier, afin que la grâce incréée du Seigneur illuminât les ténèbres de son coeur.
Lorsque le moine sen alla, Thorlac éprouva la joie. Cétait une Eglise sérieuse. Cétait des ministres de Dieu. A voir les reflets du crépuscule sur la mer, il se décida à ne pas manger : le jeûne commença avec les vêpres. Sitôt, il versa des larmes de joie.
Au jour fixé, après être purifié convenablement par la prière et le jeûne, le saint moine lécouta silencieusement. Le coeur de Thorlac se remplissait démotions et de consolation. Enfin, dans cette paix du coeur, sa conscience retrouva le calme et son âme le pardon. Cependant, au moment où Thorlac acheva son récit, le saint homme leva sa tête quil avait inclinée pour cacher sa face, et en lui faisant signe avec sa barbe, il lui dit tout simplement : " Dix ans de pénitence. Trois en jeûne rigoureux. Prière continue. Ensuite, vous reviendrez et le confesseur te donnera labsolution." Le moine se leva et sen alla.
Thorlac resta coupé de souffle, haletant, furieux et indigné. Son intention de se réconcilier avec Dieu tourna en une mésaventure : soit pas de pardon possible, soit lavoir à un prix quil considérait comme excessif.
Il décida de mettre fin à son aventure, si bien quil vaudrait mieux se distraire pour oublier son problème. Or, il pensait convertir son retour dans son pays en un voyage de loisirs, en passant par Rome. Cétait lété. Il sy rendit pour faire du tourisme. Une guide dans la main, il commença à visiter la Ville Eternelle. Très vite, ses excursions lamenérent jusquau Vatican. Il entra dans la Basilique de St. Pierre. A droite, la Pietà de Michelange, les statues des pontifs, la chapelle du Saint Sacrement, un saint momifié dans une caisse en cristal... Lorsquil arriva à lemplacement du baldaquin de Bernini, il entrevit à lautre côté du transept quelque chose détrange, une espèce de cabine bien fabriquée, avec un homme dedans. Les gens se mettaient dabord dans un espace latéral puis ils en sortaient. Ils entraient et ils en sortaient. Il ne pouvait pas freiner sa curiosité. A la première personne qui en sortit et passa devant lui, il demanda pour savoir ce que cétait. " Cest un confessionnal." Mais il grimaçait de son ignorance. " Cest pour le pardon des péchés."
Thorlac vit le ciel ouvert. Il savança pour voir plus clair. Dans létrange cabine, un religieux était assis, gros et couvert de sueur, qui séventait avec une feuille de papier. Thorlac prit son courage à deux mains et sapprocha dune espèce de fenêtre grillée. Il lui raconta ses crimes et ses fautes jusquaux moindres détails. Et il devint nerveux, dautant plus quil voyait à peine la silhouette du religieux. Personne navait vu quelquun pareil, ni ses réactions. Lorsquil acheva son discours, il eut lair humilié et attendit avec espoir. Il leva les yeux. Pendant que le bon homme continua à séventer, il dit et redit : " Père, jai tué ma femme et mes deux enfants !" Alors, il se mit à pleurer, tandis que le confesseur, toujours insensible, lui posa cette question, comme un refrain : " Combien de fois ?"
II. Trois leçons
Jai abusé de votre temps et de votre patience avec cette anecdote pour deux motifs : pour que, le dernier jour de notre conférence, mon exposé soit plus supportable. Mais aussi cest parce que, malgré ses limites, la narration reste un excellent moyen didactique. Nous allons donc tirer trois leçons de cette anecdote.
La 1ère . Si purement et durement caricaturale quelle puisse paraître, lanecdote nous a indubitablement fait comprendre, - y même aux novices en matière de religion, eux qui regardent tout et de loin et de lextérieur, - quil existe des éléments caractéristiques de chacune de ces trois confessions auxquelles on a fait allusion.
La 2ème . Ces caractéristiques propres à chacune des trois confessions trouvent leur racine, certes, dans les présupposés dogmatiques de la confession respective. Mais elles existent aussi en tant que mentalité collective représentant chacune delles.
La 3ème. Très souvent, avant même de nous connaître, de nous comprendre et de nous aimer, nous avons la tendance de nous caricaturer. Vu dun point de vue spécifique et particulier, - ce que les catholiques au Moyen Âge appellent en latin aspectus sub quo, - les éléments dissonants constituent les éléments essentiels de chacune des trois confessions. De cela, il en résulte que la symphonie de lunité, déjà très difficile à jouer, dégénère en cacophonie.
Evidemment, ces constatations napprennent rien de nouveau à personne. Notre objectif, cest de cerner davantage et détudier ces éléments qui, comme le titre de lexposé le suggère, - seraient respectivement les caractéristiques des trois confessions, de sorte quils deviennent des moyens pour faciliter lunité, au lieu de lui faire obstacle.
III. Les éléments propres à chaque confession
1. LOrthodoxie
LEglise orthodoxe possède la particularité de nous rattacher naturellement et facilement à lEglise des Pères, celle des siècles IVème au IXème , lEglise des grands conciles.
Sa caractéristique consiste en ce quelle met beaucoup daccent sur la synodalité.3 On peut résumer cette pensée en disant avec St. Jean Chrysostome " ecclesia synodo estin onoma (littéralement = lEglise du synode est un nom = Léglise est une église de communion). La synodalité serait donc une dimension inhérente à la nature même de lEglise, celle-ci étant comprise comme communion, et, par extention, inhérente à la nature du ministère épiscopal. Sa structure ontologique provient du principe de communion que, chose paradoxale, redécouvrent et revalorisent les spécialistes latins en matière decclésiologie vers la fin du siècle passé.
Le principe de la communion implique que la dimension universelle de lÉglise est présente dans léglise particulière tout comme la dimension de lÉglise particulière est présente dans lÉglise universelle. À lorigine de la synodalité, il y a ceci : cest que tous les évêques en tant que chefs des églises particulières partagent le même charisme quest le témoignage de la vérité exprimée à travers les synodes. De ce fait, il résulte que la synodalité, qui représente la communion active et agissante des églises particulières, se réalise dune manière la plus parfaite à travers lépiscopat. Cest donc dans lexercice collégial des évêques, en termes de conférences épiscopale (coetus en latin) que la synodalité se manifeste pleinement et éminemment. Doù la valeur universelle des synodes, valable pour lEglise toute entière, en même temps avec un caractère obligatoire et unifiant géographiquement bien déterminé, cest-à-dire, par le ministère ordinaire de chaque évêque. En résumé, cest grâce au Saint Synode Patriarcal et à la participation des laïcs de différentes unités et paroisses que la synodalité prend corps.
De ce point de vue, la conception de lépiscopat dans la tradition orthodoxe paraît significative et très intéressante. Cest la raison pour laquelle lorsquil ne préside pas la célébration eucharistique, la chaire de la cathédrale restera vide, personne d'autre ne peut loccuper, parce quelle est occupée invisiblement par le mystère de Dieu.4 Cette coutume de lEglise orientale pourrait sembler banale. Mais si on la voit à la lumière de la tradition de lEglise latine où lévêque est vu comme successeur des Apôtres et Vicaire du Christ, toute son importance rejaillit.5 De cette particularitè, ainsi que de tant dautres, on peut dégager une espèce de dichotomie ecclésiologique entre les traditions théologiques de lOrient et de l Occident, chacune delles ayant son évolution propre. Daprès John Meyendorff, lEglise dOrient " na pas eu loccasion ou le désir dapprendre la conception de lévêque dans sa qualité de Vicaire du Christ"6 , tout simplement parce quelle na pas accepté lusage que la papauté, devenue puissante à partir du XIème siècle, fit dune lecture exégétique de Mt16,18ss, Lc22,32ss et Jn21,15-27, alors que le rôle personnel de St. Pierre, sur qui lEglise est fondée, avait été reconnu pendant très longtemps par les auteurs ecclésiastiques byzantins, même avant le schisme qui allait fausser complètement la question au sujet de lévêque en tant Vicaire du Christ.7
La compréhension de lévêque en tant que Vicaire du Christ, quon pourrait voir du côté de lEglise catholique comme la doctrine justifiant la diversité sur le plan doctrinal, est en réalité enracinée dans quelque chose de particulier et propre à la tradition byzantine : cest le concept de la Tradition vivante. La différence, cest quen Orient, la même notion de la Tradition vivante, quon trouvait et trouve encore dans lenseignement dogmatique des catholiques et des orthodoxes, nest pas perçue comme un dépôt statique des propositions doctrinales, ou comme quelque chose didéologique dans tous les documents dont découle et dépend tout ce qui concerne la foi sur le plan doctrinal, moral, existentiel et liturgique de la chrétienneté ancienne. Le concept orthodoxe de la Tradition vivante implique quelque chose de plus intéressant : cest la raison dêtre de lEglise-même, la réalisation même de ce quest lEglise sainte. Guidée et dirigée par lEsprit Saint, lEglise se définit et sincarne dans ce monde selon ce quelle est.
Une autre particularité de lorthodoxie, cest la mise en relief du concept apophatique (=indicible) de Dieu,8 ainsi que sa conception de la Trinité qui part de la distinction des trois Personnes divines (une donnée néotestamentaire), et qui saboutit à lunité de lÊtre divin (essentia pour les latins), avec laccent principalement mis sur le Père en tant que Source première et absolue. La même particularité a donc influencé la position de lEglise orientale lors du conflit au sujet du Filioque.
Nous avons également à reconnaître la grande contribution qua faite lEglise dOrient byzantine en matière de pneumatologie. LEsprit Saint, daprès ce que dit le Pape Pie XII, est un grand inconnu dans lEglise dOccident. Il est, en revanche, un élément essentiel et capital dans sa tradition théologique en Orient.9
La christologie de lEglise orientale, - comme le réclame le Card. Ch. Journet pour lEglise occidentale, notamment dans son livre LEglise du Verbe Incarné,10 ainsi que dans dinnombrables articles, - constitue la base de lanthropologie théologique et de la mariologie. Il sensuit que la pratique sacramentelle dans lEglise orientale est considérée comme la participation de lhomme au mystère de la divinisation, comme une mystagogie, cest-à-dire, linitiation au mystère divin.
Historiquement parlant, cest la christologie de lEglise orientale qui a donné naissance à la vie monastique, un sujet important quon trouve dans tant de documents en lEglise dOrient, et qui a conditionné passablement, par exemple, pendant la réunion de Florence où elle rejeta lhumanisme répandu à Constantinople au XIVème ; un thème qui confère la spécificité de lEglise orthodoxe en tant que confession.
Dautres éléments spécifiques de lEglise orthodoxe sont à signaler, tels que la lutte contre lhérésie, comprise comme la mise en place des points de repère doctrinaux qui permettent de mener une droite vie chrétienne (ortho = droit , doxie = pensée) ; le sens théologique et dogmatique de la vénération des icônes ; la réflexion théologique fortement centrée sur les énergies incréée pour faire face à une crise théologique survenue au Mont Athos au XIVème siècle, à laide de St. Gregoire Palamas.11 Tout cela contribua au triomphe dun humanisme au XIVème siècle, un humanisme spécificiquement chrétien et théocentrique où la déification ne supprime pas lhumanité, mais rend homme véritablement homme, selon le dessin initial de Dieu. On a affaire à une brûlante actualité. Cest que lhomme peut pleinement homme seulement sil retrouve la communion perdue avec Dieu.12 Lhomme peut être véritablement homme seulement sil vit la vraie vie en Dieu.
2. Le Catholicisme romain
Vu de lextérieur, ce qui frappe le plus dans le catholicisme, cest sa conception du ministère lié à la primauté du pape. Daprès le Concile du Vatican I, (cfr. la Constitution dogmatique Pastor aeternus),13 lévêque de Rome a la véritable juridiction, pleine et directe, sur tous les évêques et tous les fidèles,14 juridiction qualifiée par le même concile de véritablement épiscopale. Cette proposition dogmatique a été retravaillée et remarquement complétée par le Concile du Vatican II. Mais elle reste fortement limitée aux milieux catholiques.
Une autre caractéristique de lEglise catholique, toujours vue de lextérieur et facile à constater, consiste en ce que lEglise catholique est une organisation bien implantée partout dans le monde, avec lexercice du pouvoir de son chef à travers la Nonciature Apostolique et lélection et linstitution canoniques des évêques.
Beaucoup de ceux qui aiment la chrétienneté dOrient et qui cherchent un terrain dentente avec lOccident disent quil existe dans la pratique une confusion entre la tradition latine et la tradition catholique, vu que le Pape agit sans distinction comme le Primat universel et comme Patriarche dOccident. Le problème commence par là, mais il est beaucoup plus complexe que ça. Car dans lEglise latine, il existe une tradition disciplinaire, façonnée par le droit canon qui se perpertue, au point dobscurcir toutes les splendeurs du deuxième millénaire que lEglise latine a trouvées par tous les moyens, afin que le Pontif romain puisse exercer sa primauté dans toute sa plénitude et avec toute son vigueur canonique.
Ce fait constitue un fait très particulier et typique de lEglise dOccident : lomniprésence du légalisme. LEglise catholique romaine apparaît comme lEglise du Droit.
Quant aux différences sur le plan doctrinal, ce seraient : son explication de la Trinité qui doit son origine au De Trinitate de St. Augustin, basée sur le paradigme de la structure psycho-métaphysque de lhomme ; son conception de la dialectique Ecriture-Tradition ; laccent mis fortement sur le sacerdoce ministériel, presque toujours identifié au presbytérat dune manière symétrique ; enfin, sa mariologie etc.
Outre la primauté du pape, la caractéristique la plus représentative du catholicisme romain serait peut-être la centralité du culte eucharistique, mettant laccent sur la nécessité de voir les deux espèces eucharistiques.
3. Le Protestantisme
Il est difficile de réduire à un seul schéma toute la morphologie des églises, communautés et groupements issus ou inspirés de la Réforme protestante du XVIème siècle, alors quune simple présentation sur ce sujet si complexe sapparente à une caricature. Cest pourquoi jespère pouvoir me faire comprendre davantage et compléter ultérieurement, grâce au dialogue, sil le faut.
Ce quil faut souligner dans le protestantisme, cest avant tout la volonté explicite dadopter une attitude permanente de réformer. A cela sajoute le rôle particulier et prononcé qui revient à la Bible comme la seule et ultime référence.
Dans la plupart des confessions protestantes, le salut est conçu comme le résultat ou le fruit de la justification. Sur ce point, les accords récemment signés à Ausbourg entre lEglise luthérienne et lEglise catholique marquent un pas important dans la recherche de lunité entre les deux Eglises. La question théologique dont il sagit ici, cest le rapport entre la grâce de Dieu et la liberté de lhomme, lobjet de polémique entre Erasme de Rotterdam et Martin Luther.15 Puis, le problème de la prédestination et la compréhension spécifique que la réforme a faite de celle-ci occupe également une place très importante dans toutes les églises de souche calviniste. Ensuite, le thème du sacerdoce des laïcs détermine considérablement les positions des églises protestantes.
IV. Les effets négatifs des exagerations
Toute médaille a son revers. Et il va de soi que les éléments propres à chacune des trois confessions peuvent être en proie à des exagératios et pris en ôtage par le militantisme, lauto-affirmation et lautodéfense de certains, au point dêtre dénaturés et souvent transformés en mécanismes étranges, voire contraires à lessence des confessions respectives.
1. Orthodoxie
Labsence dune autorité suprême dune part, et, dautre part, la fidélité typique de lEglise orthodoxe à lhéritage des Conciles et des Pères ont aboutit à une espèce dimmobilisme malsain. Lattitude rigide et négative de la hiérarchie de lEglise grecque orthodoxe dil y a quelques années à légard de quelques-unes de ses communautés qui voulaient éditer le Nouveau Testament peut servir dexemple. La solution de ce problème serait un Concile Panorthodoxe, cest-à-dire un concile des Eglise orthodoxes, désiré et souhaité depuis tant dannées. Cependant, la situation actuelle de lEglise orthodoxe marquée par une fragmentation excessive et la confusion entre lautocéphalie et le nationalisme font que la tentative de convoquer un tel concile a été échoué à plusieurs reprises. Par conséquent, la Tradition de lEglise orthodoxe est restée presque toujours celle du IXème siècle. Par ailleurs, pour des raisons politiques, compréhensibles mais injustifiables, le souci missionnaire est presque absent dans la sensibilité orthodoxe.
Ln regard admiratif que lEglise dOccident porte depuis peu de temps sur la tradition byzantine a fait avancer la reconnaissance de lOrthodoxie. Cette évolution positive est due à la présence de beaucoup dorthodoxes en Occident, mais aussi à lintérêt de beaucoup de catholiques pour la tradition dOrient. Enfin, la tendance de faire de la tradition byzantine une confession, en renvendiquant toute coutume, tout rite ou toute cérémonie, pour quils ne soient que orthodoxes, complique sérieusement loecuménisme.
2. Catholicisme
La triste disparition de la synodalité qui a commencé dans lEglise de la Contre-réforme est causée plus par une mentalité centralisante des clergés mendiants et séculiers que par un choix volontaire et lEglise institutionnelle. Il sensuit que, aux yeux des autres confessions, limage du catholicisme donnée par lEglise catholique, est rétrécie et unilatérale. Puis, le désintéressement des théologiens catholiques pour les Pères de lEglise, ainsi que labandon des sources doctrinales chrétiennes, ont donné naissance à une catholicisme au sens unique et boiteux.
La négligence du rôle épiscopal à laquelle le Concile Vatican II sest proposé de remédier a engendré des prises de positions ecclésiologiques qui auraient laissé la bouche grand ouverte non seulement les Pères de lEglise, mais aussi les théologiens du Moyen Âge ! Il est vrai que grâce à laffirmation de la primauté du Pape, le catholicisme est préservé de beaucoup de problèmes dont souffre lOrthodoxie. Mais il est aussi vrai que laffirmation exagérée de la primauté du pape, - notamment par ceux qui, sous lapparence de leur dévouement au Saint-Siège, cachent leur ignorance crasse de la Tradition, ainsi que leur conception ecclésiologique tout à fait pittoresque et lamentable, - a aussi donné une espèce de papolâtrie, qui na guère servi à la cause de lunité des chrétiens.
Le résultat cest la confusion de la Sainte Eglise de Dieu avec une multionationale quil faut organiser, diriger, établir partout et en promouvoir les ventes.16 Mais, le comble cest que ces promoteurs, qui sont sensés servir et renforcer lEglise institutionnelle, dans bien des cas, renforcent leur propre institution, érigée comme une église parallèle. Que personne ne me comprenne mal en pensant que je fais uniquement allusion aux institutions récentes : dans lhistoire de lEglise, cette réalité a longtemps existé dans le passé et elle est bien enracinée dans lEglise depuis des siècles.
On justifiait ces dérapages notamment par lecclésiologie de la réforme grégorienne du XIXème siècle et par le Droit Public Ecclésiatique au début du XXème siècle, avec lidée de fond quest Ecclesia est Societas perfecta (=LEglise est une société parfaite), une proposition bien équivoque et souvent mal comprise parce que mal interprétée.17
La mise à côté des Saintes Ecritures dans le catholicisme a été aussi une injure pas toujours justifiable. La centralité du culte eucharistique a parfois dégénéré en une espéciolâtrie.18
ainsi que lest le fait de ne pas avoir intégré christologiquement le culte marial, dont le comble est le de Beata Maria Virgine nunquam satis (=on ne parle jamais assez de la Bienheureuse Sainte Vierge).
3. Protestantisme
De même que la réaction irrationnelle et une attitude défensive ont conduit les catholiques aux excès qui viennent dêtre signalés, de même, elles ont poussé les partisans de la réforme protestante à réagir dune manière semblable, en loccurrence, à la bibliolâtrie. La doctrine sur la nécessité de collaborer avec la grâce, qui était une réponse dogmatique dune époque au pélagianisme, reste flou et fluctuant. Le danger de passer de lEglise confessante ou de la protestation chrétienne à lanticatholicisme, au point den faire une confession, a été un risque que courent les réformés. La dépréciation du sacerdoce ministérial, la négation de la primauté de juridiction, la liberté du chrétien qui se veut plus libertaire que libre, dans bien des cas, a donné lieu à une espèce de rassemblementisme, dont mes confrères protestants se plaignent, du moins en privé. Lexclusion de Marie et de la vie religieuse a été aussi la conséquence dune erreur qui appauvrit la Tradition ecclésiale et qui aboutit à des positions ou attitudes peu compatibles avec celle-ci. Récemment, la recherche de sa propre identité et lengouement pour une lecture littérale de lAncien Testament ont amené quelques sectes protestantes à une sorte de judaïsme avec des conséquences grottesques.
V. Perversion des éléments caractéristiques
Les perversions dont je parle ici, ce sont les éléments caractéristiques de chaque confession que je viens de présenter à linstar dune brève synthèse, au risque de les caricaturer. Ce ne sont pas toujours les choses les plus essentielles ; ils servent davantage à nous faire voir la diversité des trois confessions, mais beaucoup moins à identifier leur unité. Cependant, ce sont peut-être les mêmes éléments qui nous permettraient davoir en peu de temps un aperçu dune problématique si complexe, ne serait-ce que dune façon superficielle. Cest la raison pour laquelle des conclusions simposent, en guise de résumé. Les voici :
La première conclusion. Les éléments qui permettraient détablir lidentité dune confession, contrairement à ce quon est tenté à croire, ce ne sont pas nécessairement les difficultés quune confession particulière découvre à un moment donné en elle-même, ou ses intuitions si profondes quelles puissent être. Car ces éléments, comme nous allons le voir, sont souvent complémentaires et susceptibles dêtre intégrés. Par contre, ce qui marque une confession en lui conférant une identité, ce sont justement les éléments relatifs à un événement traumatisant de lhistoire, les éléments que nous venons de voir et que nous qualifions de caractéristiques.
La deuxième conclusion. Il faut que chaque confession fasse un effort pour intégrer et purifier ses propres éléments doctrinaux. Très souvent, ce qui se présente comme élément exclusivement dune confession nest que lenvers dune tradition commune, apparemment sous une forme différente, mais qui, en fin de compte, renvoie la même confession à un parfait accord avec dautres confessions sur le plan dogmatique.
La troisième conclusion. Le travail pour lunité exige que chaque confession approfondisse les éléments de sa propre identité dune part, et, dautre part, quelle bannisse tous clichés stéréotypés et passionnés, le pacifisme facile, ainsi que le conformisme.
VI. Complémentarité des confessions et sa signification oecuménique
Encore une fois, il ne faut pas concevoir la complémentarité comme une sorte de pacifisme facile, comme un assemblage sans esprit critique des éléments caractéristiques de chaque confession, mais au sens que chaque confession fait intelligemment siens les éléments que les autres confessions ont à apporter à la Tradition ecclésiale. Il faudra éviter également un archéologisme aveugle, puisque découvrir lancien ne signifie nécessairement pas découvrir la vérité.
Après tout, la pluralité ne doit en aucun cas effrayer personne, puisque, dès le début, le christianisme est pluriel, comme lavait montré Romano Guardini longtemps avant dans un ouvrage bien connu et désormais classique, intitulé Das Bild von Jesus dem Christus im Neuen Testament.19 Et ce que nous savons de ses premières étapes confirme bel et bien cette constatation.20
VII. Se connaître pour découvrir ses déviations et nos éléments essentiels
Une méconnaissance séculaire et invétérée entre les confessions chrétiennes ou une approche purement apologétique à légard de la spécificité des autres ont créé une mentalité fermée au processus de lintégration dont on vient de parler. Le méthode utilisé par Jean-Paul II dans la lettre apostolique Orientale Lumen est pour nous un bon exemple, un chemin à suivre. Néanmoins, nous devrions aussi élaborer un écrit analogue, par exemple, intitulé Reformae Lumen pour ce qui concerne la Réforme protestante et les autres confessions. Pareillement, nous nous trouverions en mi-chemin si les autres confessions ne faisaient pas la même chose, respectivement par rapport au Catholicisme romain et à lOrthodoxie et à la tradition protestante.
VIII. La marche en arrière : le grand danger ou sonner le glas
Notre réflexion serait partielle et tronquée si nous nétudions pas le problème de linculturation dans un contexte qui est celui de nos jours. Rappelons que les éléments caractéristiques de chaque confession quon vient desquisser représentent en effet les différents aspects de lessence du christianisme. Mais il faut aussi se rappeler quils les représentent très souvent en tant que sensibilité religieuse et en tant que paramètres culturels politiquement conditionnés dune époque passée. Doù la nécessité de tenir compte dautres défis que rencontre loecuménisme aujourdhui qui est celui de lévangéliser dans un monde nouveau.
Ce qui émerge aujourdhui, ce nest pas simplement un nouveau style de vie sur le plan estétique ou intellectuel, mais une nouvelle culture. Derrière les nouveautés auxquelles on donne le nom de modernité, postmodernité, voire antimodernité, au-delà des jeans, de la télé, des discotèques, des CD-Rom et dInternet, il y a une réalité plus profonde. Cest que les paramètres de notre culture contemporaine sont en train de changer rapidement et avec force. Ce qui est se passe actuellement, à mon avis, cest la naissance dune nouvelle culture. Les quelques éléments que je viens de mentionner sont des éléments concomitants ou déterminants qui marquent cette nouvelle culture, ce nouveau phénomène dont lexemple analogue serait lépoque tardive de la Rennaissance. Cest donc ici quil faut faire un examen de conscience en profondeur, critiquement, dans le but de débroussailler le chemin, non pas pour marcher en arrière dans le temps, mais pour avancer en avant dans la fidélité au commandement évangélique. Car beaucoup des caractéristiques de nos confessions sont devenus désormais des résidus fossilisés du passé, tels que certaines formes du culte, certains symboles, certains livres etc.
La nouveau style de vie de nos jeunes peut, bien sûr, être une forme dintégrisme, une fuite, ou simplement un masque. Mais il peut aussi révéler quel serait le christianisme du troisième millénaire.
Ceci dit, un avis à ceux qui sont en recherche : la solution du problème ne consiste pas en une mise à jour sans fin, ni en ce quon remet continuellement les pendules à lheure, de peur que lEglise narrive en retard, mais en un renouveau de la fidélité à lEvangile, ce quErasme et Thomas More ont tenté de faire, mais sans y parvenir. Lexégèse moderne a découvert beaucoup déléments explosifs en la figure, la personnalité et laction de Jésus que les trois confessions ont à intégrer et actualiser dans leurs propositions dogmatiques. Ce nest pas seulement une inculturation spatiale, mais aussi une inculturation temporelle dont il sagit.
IX. La recherche de lunité dans la volonté du Christ : la vraie vie vécue en Dieu
La recherche de lunité, comme P. Coutourier, le grand apôtre de lunité chrétienne nous a enseignés il y a cinquante ans quil fallait commencer par prier, doit se réaliser par les chemins voulus par le Christ, comme Il veut et quand Il veut : " Unissez-vous ! Unissez-vous !... " (2.5.87)21
Lunité nest pas une oeuvre humaine, mais loeuvre de Dieu : " Unir Mon Eglise cest Mon Oeuvre, tu vas être seulement Ma messagère. Comprends-tu la différence ? "22 Cest un rappel primordial et fondamental pour le travail doecuménisme : cest le Christ le Seigneur qui oeuvre, tandis que nous sommes les messagers dun message dAmour et de réconciliation pour que el Règne du Christ devienne visible et tangible, " pour que le monde croie."
Mgr Jaume González-Agàpito y Granell, de l'Eglise Catholique
(allocution prononcée en espagnol)
Mise en page : | 31-12-2000 11:01 |
Association La Vraie Vie en Dieu - Suisse tlig-ch@tlig.org |
Notes
1. "Thorlac" est le nom dun saint évêque né en Islande en 1133. Il étudia à Paris et à Lincoln, et il fut un chanoine régulier du monastère de Thykkvibaer, premier monastère de son Ordre en Islande. Il en fut dabord prieur, ensuite abbé. Quoique nommé évêque de Skálholt, il ne cessait dobserver la règle des chanoines. En 1186 il fundit la maison de Kirkjubaer; et cétait un ardent promoteur de la réforme ecclésiastique, gardien zélé des moeurs, en particulier, de la santeté du mariage. Ce fut ainsi quil contribua beaucoup à la croissance de lEglise en Icelande. Il mourut le 23 décembre 1193. Il fut canonisé par les évêques du lieu. Le 14 janvier 1984, Pape Jean-Paul II le déclara patron principal dIslande. Sa fête se célèbre le 20 juillet, le jour de la translation de ses reliques. On trouve sa biographie dans le " Vita Sancti Thorlaci ", cfr. I. Langebek, Scriptores reum Danicarum Medii Aevi, IV, Hafniae, 1886, pp.624-632.
2. Ce monastère, qui se trouve sur la côte orientale du Mont Athos, fut fondé probablement en Xème siècle, lorsque la vie monastique allait commencer sur la presquîle. Daprès une tradition, le monastère doit son nom à deux moines dont le nom sest mis ensemble : Stavros et Nikitas qui semblent avoir vécu comme ermites en ce lieu-là. Le monastère suivit les changements du Mont Athos et eut de grandes difficultés au moment de linvasion des Francs. Il fut détruit et abandonné. Quoique restauré après, il subit une série dincendies devastateurs en 1607, 1741, 1864, 1874 et 1879. Il fut, malgré tout, objet de protection des princes, des patriarches et des communautés orthodoxes. Un document important au sujet de la rénovation et revitalisation du monastère a été trouvé par Grégoire Giroméréïatis, de la première moitié du XVIème. Le monastère occupe la 15ème place dans la hiérarchie athonite. Au XVIème siècle, licônographe Théophanes le Crétois y laissa un nombre considérable douvrages.
3. Le Dr. S. Pié a étudié cette perspective dans son récent ouvrage quil a utilisé en 1993 - 1994 pour donner son premier cours dans la Faculté de Théologie de Catalogne. Quon consulte également louvrage collectif : Le concile et les concile. Contribution à la vie conciliaire de lEglise, Chevetogne, 1960.
4. Voir louvrage intéressant, désormais classique de K. Rahner publié dans le premier volume de ses Ecrits théologiques.
5. Le terme Vicaire du Christ, comme on le sait, était une expression courante quemployaient les évêques de lEglise pré-nicéenne en Afrique pour se désigner eux-mêmes, ainsi que dans lEglise après le premier Concile Vatican.
6. Cf. La teologia de Bizantina. Sviluppi storici e temi dottrinali. Casale Monferrato, 1984, p.120.
7. Cf. Focio, Homilia I, cfr. C. Mango, The Homilies of Photius, Cambridge, 1958, p.50.
8. Cette notion, aujourdhui tenue pour acquise et acceptée notamment dans les facultés de théologie catholiques, fut quelque chose détrange et dinquiétant il y à peine 30 ans. A titre dexemple : je me souviens toujours comment, après un examen, Dr. David Estrada, professeur du cours de théodicée de la faculté de philosophie de lUniversité de Barcelone pendant les années 60, ma appelé, avec quel intérêt et quelle émotion. Etant de confession évangélique, lui-même sémerveillait de voir que son élève lui puisse lui parler, lors dun colloque sur le concept et la notion de Dieu, de lapophatisme. Plus tard, jai essayé déchanger mes impressions avec mon nouveau collège qui guidait mes études et travaillait pour le Séminaire Conciliaire de Barcelone, ce dernier étant professeur dans sa section pour le cours sur Dieu un et trine. Cétait en 1965. Jai eu la sensation de pas être compris, ou du moins, de pas avoir suscité aucun intérêt chez le nouvel professeur que, moi et Jaume Riera avons essayé de motiver, celui-ci avec son affection pour la Bible et la langue hébraïque, tandis que moi avec la théologie des Pères de lEglise. Jétais donc fatiqué, même las de voir quun sujet pareil pouvait apparaître inconnu à mes coréligionnaires ; fatigué de prêcher dans le désert en parlant de la théologie apophatique à ceux dont la théologie positive de semparait depuis quelques années, notamment les étudiants de la section française, eux qui dévoraient le Amigos del Catecismo ; fatigué dentendre de ce quon disait sur Dieu un et trine daprès un schéma étroit et rigide thomiste, en répétant le commentaire du P. Cuervo qui sinspirait de la Somme théologique de St. Thomas ; dentendre les discours sur laction créatrice et élévatrice de Dieu, toujours selon un schéma de la tradition thomiste de la Grégorienne des années 40 et 50. Jai donc laissé à côté cette théologie affirmative, mais jai pu connaître une théologie apophatique, grâce au précieux ouvrage de V. Lossky, Essai sur la théologie mystique de lEglise dOrient, Paris, 1944, que je lisais et relisais continuellement pour savourer la douceur et la cohérence de cette théologie. Il faut noter que le deuxième chapitre de cet ouvrage est particulièrement révélateur et suggestive : Les ténèbres divines (dans ledition. de Paris, 1990, que jai dans la main, pp.21-41). On y trouve une lecture directe de st. Thomas dAquin que je découvre beau plus poche de la théologie apophatique que ne le sont mes professeurs (De essentia divina quomodo sit, vel potius, quomodo non sit.). Jen ai tiré des éléments pour une réflexion théologique juste sur Dieu. Ce fut le fruit de mon travail sur lOrthodoxie.
9. Voir le chapitre huitième du livre de V. Lossky, op.cit. ; Economie du Saint-Esprit, Paris, 1990, pp.153-169 ; de même, Boulgakof, le Paraclet, Paris, 1946, ainsi que les précieuses indications fournies par mon ancien professeur dans son livre La spiritualità dellOriente cristiano, dans lequel le plan du chapitre deuxième, intitulé La vie en Dieu. Cest véritablement recueil de sagesse : Nello Spirito Santo, pp.33-38 ; Per Cristo, pp.39-47 ; Al Padre, 47-54.
10. Freiburg, 1951ss.
11. Quon consulte le livre de J. Meyerdorff, St. Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, Paris, 1959.
12. Il est clair que, par manque despace et par souci dêtre concis, nous avons mis à côté les autres traditions dogmatico-liturgico-disciplinaire de lOrient. Pour des informations préliminaires sur ce sujet, on peut consulter louvrage collectif de M. Albert, R. Beylot, R.-G. Coquin, B. Outtier, Ch. Renoux, Christianismes orientaux. Introduction à létude des langues et des littératures, Paris, 1993. Et : P. Krüger, Kleines Wörterbuc des christlichen Orients, Wiesbaden, 1975.
13. Cf. J. Alberigo - J. A. Dossetti - P.-P. Joannou - C. Leonard - P. Prodi - H. Jedin, Conciliorum Oecumenicorum Decreta, Bologna, 1973, pp.811ss.
14. Ibid. p.831-814 : " Docemus proinde et declaramus, ecclesiam Romanam, disponente Domino, super omnes alias ordinariae potestatis obtinere principatum, et hanc Romani pontificis iurisdictionis potestatem, quae vere episcopalis est, immediatam esse : ergo quam cuiuscumque ritus et dignitatis pastores atque fideles, tam seorsum singuli quam simul omnes, officio hierarchicae subordinationis, veraeque obedientiae obstringuntur, non solum in rebus, quae ad fidem et mores, sed etiam in iis, quae ad disciplinam et regimen ecclesiae per totum orbem diffusae pertinent ; ita ut custodita cum Romano pointifice tam communionis, quam eiusdem fidei professionis unitate, ecclesia Christi sit unus grex sub uno summo pastore. Haec est catholicae veritatis doctrina, a qua deviare, salva fide atque salute, nemo potst. "
15. Vient de paraître (Barcelone, 1997) la traduction catalane (Edition 62) des deux ouvrages classiques de ces auteurs par P. H. Vall, s.j., membre du Conseil de nostre Délégation de Barcelone.
16. A noter que notre Eglise nest pas la compagnie de Coca-Cola. Réflexion critique sur ls ecclésiologies du deuxième millénaire, Barcelone, 1997.
17. La position du Card. A. Ottaviani na pas escompté le résultat voulu pendant le pontificat de Pie XI, en dépit de la prolifération des pactes concordataires de lépoque. En 1927, e jeune Mgr. Montini qui a écrit dans la revue Studium de la FUCI sur des thèmes ecclésiologiques, avait également beacuoup de réserve à légard des positions dOttaviani ; cf. P. Hebblethwhile, Paul VI. Le premier pape moderne, Buenos Aires, 1995, p.90.
18. Cest-à-dire, en convertissant lEucharistie à une sorte de vénération, qui substitue la vénération des objets de cultes, au nom de et à cause de la présence réelle, comme le faisaient les icônoclastes, tel que Léon lIsaurien, condamné par le deuxième Concile de Nicée.
19. Traduction en castillan par D. Ruiz Bueno, La imagen de Jesús en el Nuevo Testamento, Madrid, 1965, Madrid2, 1981, (dans Obras de Romano Guardini, III).
20. Voir aussi Les origines du christianisme, Barcelone, 1997, accompagnée dune bibliographie à ce sujet.
21. Vassula, La vraie vie en Dieu, cahier 10
22. Ibid. cahier n.13.