L'Appel de l’Epoux Divin à la Réconciliation et à l’Unité

Pèlerinage international de prière en Terre Sainte
de
La Vraie vie en Dieu
du 14 au 26 mars
à l'occasion du Grand Jubilé de l'An 2000

Symposium des 19 et 20 mars 2000 à Bethléem

 

Allocution du Père Francisco Eloy, de l'Eglise Syriaque-Orthodoxe
prononcée en portugais le 19 mars 2000

L'annonce du Royaume (Père, Fils et Saint Esprit)

 

1 - L'Ancien Testament

Le motif du Royaume de Dieu se situe parmi les thèmes centraux du message prophétique. Sa compréhension vient du plus profond de l'Ancien Testament. L'emphase donnée aux thèmes de Dieu Roi et Juge eschatologique survient durant la période où Israël était sous l'influence et occupé par des puissances étrangères. Les prophètes ont annoncé le ‘Jour du Seigneur’ en terme de ‘jour de colère’ et de ‘rétribution’ contre l'injustice et l'immoralité (Is 2.12-21, 61.2 ; Jr 46.10 ; So 1.14-18) d'après l'interprétation de la situation d'Israël concernant la désobéissance aux Commandements de Dieu dans les décisions politiques et ethniques (Dt 30.11-20).

Toutefois, colère et rétribution ne sont pas en soi les objectifs du jugement de Dieu. En vérité, le jugement de Dieu ne veut qu'instaurer à nouveau la justice et l'équité, en établissant le Royaume de Dieu aux yeux d'Israël et du monde. Dieu instaure une Nouvelle Alliance avec le peuple, capable d'affecter toutes les nations du monde. De là, surgira une communauté restaurée et tous expérimenteront la paix, la justice et l'harmonie. Le Royaume de Dieu sera éternel et universel. Le témoignage de l'Ancien Testament sait que Yahvé et le vrai Roi d'Israël et il loue Dieu d'être la suprême Autorité non seulement sur le peuple de Dieu mais sur toute la création : ‘élevé au-dessus de tous les peuples est Yahvé, sa gloire est au-dessus des cieux’ (Ps 113.4). En dépit de l'horizon sombre du peuple de Dieu et de l'histoire du monde, la vision du royaume eschatologique se transforme en source d'espérance. Dieu a déjà été de fait "intronisé" tant aujourd'hui que jadis bien qu'une complète révélation de sa gouverne soit toujours à venir. A Lui appartient le mot de la fin. Le futur appartient à Dieu.

2 - Le Royaume de Dieu dans la vie et le ministère de Jésus de Nazareth

Le message prophétique de la souveraineté libératrice de Dieu est assumé pleinement dans l'Evangile de Jésus qui défie également la compréhension contemporaine du Royaumne. Le chemin de Jésus ne peut être compris sans une note eschatologique qui lui est fondamentale. Son enseignement et son ministère de guérison présuppose que l'heure finale est déjà venue : ’Le temps est accompli et le Règne de Dieu est proche. Convertissez-vous et croyez à l'Evangile’ (Marc 1.15). Le témoignage du Nouveau Testament dans ses nombreuses voix confirme unanimement, à la lumière de Pâques, que ce message est véridique : dans la personne et dans ce qui est rapporté de Jésus de Nazareth, la souveraineté de Dieu fait chair une fois pour toutes, définitivement. En Jésus, le Royaume de Dieu était et est toujours en nous (cf Lc 17.21). La réalité du Royaume se concrétise dans la personne et dans l'oeuvre de Jésus Christ, crucifié et ressuscité. Le message de Jésus est fondamentalement la bonne nouvelle de l'avènement du Royaume, avec ses revendications et promesses libératrices.

Le message de Jésus

Le message de Jésus est communiqué fréquemment au moyen de paraboles. En général, ceux qui écoutent Jésus sont amenés à commenter avec Lui la parabole pour être confrontés au défit d'accepter ou non librement la réelle souveraineté de Dieu. La majorité des paraboles traite du mystère du Royaume et attire l'attention de ceux qui écoutent par d'innombrables éléments de surprise.

Le sermon sur la montagne contient beaucoup d'éléments appartenant à l'essence du Royaume. Dans les Béatitudes, Jésus promet le bonheur du Royaume à ceux qui sont conscients de ces nécessités : les pauvres, les affamés, les affligés, les opprimés (Lc 6.20-23 ; également les pauvres en esprit, les affligés, les humbles, ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, les purs de coeur, les artisans de paix et ceux qui sont persécutés à cause de la justice (Mt 5.3-12).

Les oeuvres puissantes de Jésus

Les oeuvres puissantes de Jésus – à côté de ses paroles – font que le Royaume de Dieu soit une réalité présente. C'est ce que l'on voit, par exemple, dans les miracles de guérison : ils ont été compris comme des signes du Royaume de Dieu non seulement par les étrangers mais également par Jésus Lui-Même : ‘Mais si c'est par l'Esprit de Dieu que j'expulse les démons, alors le Royaume de Dieu est déjà parmi vous’ (Mt 12.28). A part cela et même plus profondément, la souveraineté de Dieu se réalise non seulement dans l'action de Jésus mais également dans son destin pascal, sur la croix et dans la résurrection. Le témoignage évident du Nouveau Testament montre que dans le chemin de Jésus de Nazareth, depuis la cène jusqu'à la croix et au tombeau vide, le Royaume de Dieu est déjà parmi nous. Jésus non seulement enseigne mais concrétise et met en exemple ce qu'Il dit.

2a - Seigneur Jésus, pardonne-nous pour notre manque de confiance en Toi, notre manque d'espérance en Ton Royaume, notre manque de foi en Ta Présence, notre manque de confiance en Ta miséricorde. Seigneur Jésus, brise-nous parce que nous sommes orgueilleux. Fortifie-nous parce que nous sommes faibles. Donne-nous l'humilité parce que nous nous fions à nous-mêmes. Appelle-nous par notre propre nom parce que sans Toi, nous sommes complètement perdus.

2b - Les Chrétiens proclament dans le second article du Credo de Nicée que ‘Il reviendra dans la gloire’. Quand nous proclamons que le Christ reviendra, nous affirmons notre foi en une histoire qui ne se terminera pas dans le chaos mais en Celui en qui elle a commencé, l'Alpha et l'Omega.

3 - Cette perspective d'espérance s'exprime avec une spéciale emphase dans le dernier livre de la Bible, l'Apocalypse. Sa promesse eschatologique se rapporte à toutes les personnes qui sont maintenant dans la souffrance ‘Il essuiera toutes larmes de leurs yeux et il n'y aura plus de mort, il n'y aura plus de pleurs ni de cris ni de souffrances’ (Ap 21.4). Les communautés humaines également seront vues à la lumière de l'espérance. La vision de la ‘cité sainte’, de la ‘nouvelle Jérusalem’, et, enfin des ‘nouveaux cieux et de la nouvelle terre’ illumine et instruit notre responsabilité et notre espérance. Et ce n'est pas une vision utopique. Nous ne sommes pas les architectes de la nouvelle Jérusalem, laquelle ne sera pas une cité faite par les êtres humains. Il s'agit de la cité de Dieu. La propre voix de Dieu a prononcé cette promesse : ‘Voici que je fais toutes choses nouvelles’ (Ap 21.5). Une fois que nous avons été libérés par cette promesse, nous pouvons continuer notre pèlerinage en direction du Royaume sans illusion utopique, mais avec une joyeuse espérance. La parole finale est celle de Dieu. Le futur Lui appartient et a Lui également appartient le jugement final.

Les thèmes du jugement et du repentir ont été de la plus grande importance dans la compréhension des deux objectifs de l'étude ‘Unité et Renouveau en relation à l'Eglise’. Les Chrétiens proclament à cet endroit du Credo que le Christ ‘jugera les vivants et les morts’. Nous devrons tous comparaître devant le jugement du Christ, chose qui nous rend humbles. Cependant, la vision du jugement final nous donne confiance que la cause de la justice tellement pervertie dans notre monde pécheur sera assumée et restaurée par le pouvoir de Dieu. Les assassins ne triompheront pas pour toujours sur leurs victimes.

Nous expérimentons dans notre vie humaine une grande tension entre la justice et l'amour. Selon le témoignage de la Bible, la justice et l'amour ne peuvent pas aller séparément. Nous autres humains, ne sommes pas justes, mais le juge est le seul qui peut être juste. Nous autres humains, ne pouvons pas échapper à notre propre responsabilité en face du péché mais nous pouvons affronter le jugement avec confiance en l'amour miséricordieux et clément de Dieu, révélé dans la compréhension dominante de ce que signifie notre être humain.

3a - La recherche de l'unité visible est en relation et ainsi doit être vue comme la victoire sur les divisions humaines et comme la satisfaction des nécessités humaines. Ce n'est pas que l'unité de l'Eglise soit seulement fonctionnelle. Cette unité doit refléter directement la propre unité et l'amour unifiant de Dieu. Lorsque l'on met en relation l'unité et la mission, le service et la participation aux souffrances de l'humanité, nous exprimons précisément l'amour de Dieu qui a appelé l'Eglise à l'existence, à être signe, anticipation et instrument de la nouvelle humanité dans le Royaume de Dieu.

4 - La perspective du Royaume suppose en second lieu que l'Eglise puisse être véritablement reconnue comme une partie du monde faite de sa même ‘matière’, bien que n'étant pas du monde (cf Jn 15.19). Ce qui dans l'Eglise est réconcilié et rénové est de fait ‘le monde’ séparé de Dieu. C'est pour cela que le processus de renouvellement reflue continuellement vers le monde et retourne, ensuite, en direction de la rédemption finale. Mais il y a également dans le monde d'innombrables forces de renouvellement et assez actives qui peuvent être vues par les yeux de la foi, comme des expressions du soin constant de Dieu pour la création. Lorsque l'Eglise les reconnaît, l'on perçoit immédiatement sa responsabilité spécifique et sa mission propre. Quand elle est fidèle à elle-même et guidée par le Seigneur, ‘l'Eglise n'a pas peur d'aller en marge de la société, sans peur d'être confondue ou de subir le préjudice de l'agenda du monde, mais est confiante et est capable de reconnaître la présence de Dieu dans l'action en ces lieux’.

Dans la mesure où l'Eglise donne le témoignage de la consommation finale qui est également le futur du monde, elle porte les problèmes du monde en étant même dans la solidarité et l'espérance.

4a - En essayant de corriger de telles distorsions, la communauté chrétienne s'inspire de Jésus Christ Lui-Même. Dans les narrations de l'Evangile, tous les contacts avec Jésus ouvrent le chemin à une vie plus abondante tant pour les individus que pour la communauté. Il est un maître qui ne s'impose pas comme tel aux autres. Il est un serviteur sans servilité. Lorsque Jacques et Jean demandent qu'ils leur soient concédés un statut spécial dans le futur Royaume, Jésus ne les réprimande pas pour cela mais leur montre qu'ils sont en train de penser comme les chefs politiques païens qui font tout pour s'imposer à leurs sujets. Il leur propose un modèle alternatif de pouvoir qui est la mission du Fils de l'homme, de servir au lieu d'être servi, et de donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10.35-45).

L'Eglise est appelée à suivre – avec l'aide du Saint Esprit – ce modèle pour sa vie de communauté chrétienne. Ce faisant, elle peut se transformer en signe de renouvellement de la communauté humaine, et en fort témoignage de la volonté de Dieu pour que les femmes et les hommes aient une vie véritablement abondante.

5 - Nous offensons notre Dieu, le Créateur du ciel et de la terre, et nous blasphémons contre la vie les uns des autres. Ainsi, nous recouvrons notre jugement trop tard et ne l'avons pas encore même maintenant. Nous attirons sur nous le jugement sévère de Dieu infiniment compatissant et miséricordieux à cause de notre négligence, notre injustice et notre destruction. Nous implorons le pardon et nous prions pour un profond changement du coeur, un retour radical à Dieu et un changement de vie, abandonnant le chemin de la mort.

Nous devons vivre en accord avec l'Esprit Saint et capter Sa présence dans toute la création. Puis comme nous l'avons dit auparavant, l'Esprit habite tout le cosmos, donne la respiration à toute la vie et affine nos coeurs pour qu'ils entendent la pulsation de la terre et le chemin de la vérité et de la beauté.

Pourtant, ce qui s'oppose à l'Esprit ce ne sont pas les choses matérielles et le monde mais le péché et le pouvoir de la mort et nous avons toujours à commencer avec la vénération et le respect pour toutes les créatures, spécialement pour les êtres humains, à commencer par ceux qui en ont le plus besoin. L'Esprit nous enseigne à aller premièrement en ces lieux où la communauté et la création languissent de manière plus manifeste, en ces lieux mélancoliques où la clameur des personnes et la clameur de la terre sont entrelacées. Là, nous rencontrons Jésus qui vient à notre rencontre, en solidarité et pour la guérison. Là, nous recevons et nous donnons le pain aux affamés, l'eau à ceux qui ont soif, le rire à ceux qui en ont besoin et la consolation à ceux qui sont dans le deuil. Et là, nous offrons notre véritable culte spirituel comme membres les uns des autres (Rom 12.13). En second lieu, nos propres églises doivent être des lieux où nous apprenons de manière nouvelle ce que signifie le fait de ce que l'Alliance de Dieu s'étend à toutes les créatures, redécouvrant la dimension écocentrique de la Bible. Cela signifie un style de vie matériellement modeste qui aime et traite la terre avec gentillesse comme le fait Dieu.

Père Francisco Eloy, de l'Eglise Syriaque-Orthodoxe
(allocution prononcée en portugais) 

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Mise en page : 26-04-2000 16:25
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